lundi 20 juin 2011

Le Caca parisien : A.O.C. de demain

Grand jour pour les coprophages et autres gastronomes. Fox News, organe de presse toujours crédible et pertinent, nous annonce que des scientifiques japonais sont enfin arrivés à synthétiser de la "viande" à partir d'excréments humains.

Ayant remarqué que le caca est truffé de bactéries riches en protéines, Mitsuyuki Ikeda, du Okayama Laboratory, a entrepris de nous cuisiner des boues d'égout, auxquelles il a ajouté du soja, des parfums, et des colorants alimentaires. Le résultat est un festin digne de Ferran Adrià : aromatique, peu gras, et très riche en minéraux essentiels.

Bon, avant d'aller plus loin, je dois vous avouer que cette histoire sent mauvais. Mais, en plus de Fox News, la nouvelle a été relayée par Yahoo News, le International Business Times, CBS News, le Huffington Post, et RTL. Alors si on ne peut plus faire confiance aux journalistes, qui croira-t-on ? Les politiciens ?

Source photo : wikipedia.


Pour le moment, le coût de production de cette viande synthétique est 20 fois plus élevé que celui de la viande normale. Toutefois, grâce aux talents de nos industriels et à l'accès inépuisable à une matière première peu coûteuse, on risque fort de voir le produit débarquer dans nos assiettes prochainement.

Certes, sa mise en marché pourra rencontrer quelques écueils. Des approches marketing de pointe devront faciliter la digestion du frein psychologique chez les consommateurs. Un slogan comme "Aussi bon qu'une andouillette" pourrait gagner à la merdoviande une base solide chez certains gourmets. On pourra aussi séduire les ménagères avec des recettes à réaliser soi-même, à la maison.

Sur un marché comme l'Europe, il faudra également tenir compte des particularités culturelles. Certaines régions voudront défendre leur terroir scatologique avec des A.O.C. Les Français accepteront-ils de manger du caca allemand ? De plus, certaines chaînes de restauration rapide devront se soucier de produire des boulettes halal.

La question de la traçabilité est aussi pertinente, et elle présente un défi de taille. Il faudra plus d'un effort pour arriver à livrer cette grosse commande. Un premier projet-pilote prévoit de distribuer gratuitement dans les supermarchés parisiens un papier hygiénique présentant ce motif : "Fait à Paris, le __/__/____ par __________".

J'anticipe déjà le jour où les blogs qui se consacrent au gastrotourisme vanteront certaines destinations pour la qualité de leur "viande". Celle du Périgord, avec son intense parfum de truffe. Ou celle de Kuala Lumpur, exotique et bien relevée. L'archipel nippon pourra même développer toute une variété de sushis qui allieront la finesse de la chair crue à un risque alimentaire grisant, similaire à celui que procure le Fugu, ce poisson aux toxines mortelles.

Réjouissons-nous : l'avenir est sombre. Vous en connaissez déjà la couleur.

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