mardi 9 octobre 2012

Attentat au petit pain piégé

J'avais pas envie de vous parler de ça. Je me suis retenu plusieurs fois. Mais aujourd'hui je suis dégouté. Alors je pose la question : c'est quoi cette mode, en politique française, de verser dans l'islamophobie éhontée ?

Avec Marine, c'est pas nouveau. Encore ce week-end, elle lançait que "l'islam de France n'existe pas".

Mais là c'est Jean-François Copé qui s'y met à fond. Fin septembre, il chauffait la salle avec son idée de "racisme anti-Blanc". Voilà qu'il enchaîne avec une anecdote délirante de gamin qui se fait voler son pain au chocolat pendant le ramadan :

"Il est des quartiers où je peux comprendre l'exaspération de certains de nos compatriotes, père ou mère de famille rentrant du travail le soir, apprenant que leur fils s'est fait arracher son pain au chocolat par des voyous qui lui expliquent qu'on ne mange pas pendant le ramadan (...)"

Copé faisait référence au texte de son récent bouquin, "Pour une droite décomplexée", dans lequel il rapporte une supposée histoire de hold-up de pâtisserie à la sortie d'un collège, pour cause de ramadan.

Est-il nécessaire de rappeler que ces deux dernières années, le ramadan coïncidait avec les vacances d'été ? Ça rend peu probable le rapt d'un pain au chocolat dans une cour d'école, du moins dans l'actualité récente.

Source photo : wikipedia.


En 2007, un député UMP a été condamné par un tribunal pour des propos homophobes. Avec raison. Et en France, quiconque verse dans l'antisémitisme fera face à la loi. Avec raison. Mais dans ce pays qui se réclame de l'égalité, une islamophobie flagrante et assumée reste encore impunie.

C'est toujours le même tour de passe-passe. Le politicien opportuniste se justifie, a posteriori, d'avoir pointé uniquement l'islamisme radical. Ne soyons pas dupes : son jet de pisse rhétorique est toujours assez diffus pour éclabousser toute la communauté musulmane. Qu'est-ce qu'on attend pour saisir les tribunaux ?

Je suis écoeuré de cette injustice. Et le pire, comme me le rappelait une amie, c'est que sans condamnation, nous irons vers une banalisation de ce type de discours. Chose certaine, tout ça me rend cynique envers la France et ses institutions. Quand je vois "Liberté, égalité, fratenité" sur un édifice public, j'ai envie de cracher par terre. Copé et Le Pen, par leur impunité, me font un moment douter de toute la structure socio-étatique. Et ça, c'est ma réaction de petit cadre quarantenaire, blanc.

Maintenant, imaginez la réaction d'un gamin de 19 ans, musulman, né en France.

Ce week-end, quelqu'un a déclaré que le pire ennemi de l'islam, ce sont les islamistes radicaux. Je ne suis pas d'accord. Le pire ennemi de l'islam, ce sont les radicaux tout court. Politiciens inclus. Surtout ceux qui nous vomissent leur xénophobie. Ils se présentent en champions de l'ordre social et de la sécurité ; mais ils entretiennent la haine et la division. En surface, ils disent dénoncer le communautarisme ; mais en filigrane, ils l'alimentent. Leur attitude dichotomique, voire schizophrénique, est similaire à celle de tout intégrisme armé. Leurs mots sont des bombes incendiaires.


P.S.:
Heureusement, la majorité des Français que je fréquente, connaissances et amis, sont loin de cette mentalité saurienne. La France actuelle est à l'heure de la Cinquième République. Mais elle traîne à ses chevilles quelques boulets des plus mauvais jours de la Troisième.

1 commentaire:

FM a dit…

maintenant j'ai envie de loukoums et de pains au chocolat